Appel à participation | Arts vivants et écologie au Québec - Groupe de travail
Une nouvelle structure collaborative se met en place cette année à la SQET. Codirigé par la professeure Catherine Cyr (Département d’études littéraires, UQAM) et la doctorante en Études et pratiques des arts Véronique Basile Hébert (UQAM; nation Atikamekw), le groupe de travail Arts vivants et écologie au Québec (AVEQc) vise à mutualiser les savoirs et les pratiques des membres des quatre axes qui souhaitent appréhender les arts vivants à travers le paradigme écologique et ses multiples faisceaux.
Présentation
À l’heure où, dans divers champs de connaissance et d’expérience, des préoccupations écologiques et environnementales mobilisent notre attention, se déplient, dans le paysage des arts vivants au Québec, des processus de création, des pratiques, des imaginaires et des approches pédagogiques qui s’attachent à (re)penser l’autre-qu’humain ou encore les interrelations de l’humain avec l’environnement et avec les présences – animales, végétales, minérales, élémentaires – qui le composent. Ces dramaturgies et ces pratiques artistiques sont portées par une attention au monde inquiète, critique, sensible. Elles mettent aussi de l’avant divers enjeux politiques. Par exemple, dans la pièce Histoire sociale du béluga, de Maryse Goudreau (2016), élaborée à partir de verbatim d’assemblées parlementaires, se pose la question des orientations gouvernementales ayant mené à l’actuel risque d’extinction du mammifère marin; dans Antigone au printemps, de Nathalie Boisvert (2017), la crise environnementale se situe au cœur d’une dystopie dramatique où les oiseaux tombent du ciel et où, peu pris en compte par le pouvoir politique en place, qui nie sa propre activité destructrice, l’écosystème se réduit, devient de moins en moins habitable. Dans Branché, les artistes des compagnies circassiennes Acting for Climate et Barcode explorent à travers le geste, entre effondrements répétés et reconstruction, diverses formes de connexion et d’attention à l’autre-qu’humain et à l’environnement – rochers, bosquets, arbres, oiseaux. Dans Mokatek ou l’étoile disparue de Dave Jenniss, les langues wolastoqiyik et abénakise, retrouvées, permettent à l’enfant de nommer la lune, les pierres, les animaux, et de renouer avec ces entités des réciprocités significatives.
Comment aborder ces œuvres, les démarches qui les sous-tendent, les enjeux qui les traversent? Quelle épistémologie, quel(s) cadre(s) théorique(s) permettent d’en opérer une saisie?
Objectifs
Alors que l’écocritique théâtrale, qui pense diverses formes de relations éthiques et esthétiques entre arts de la scène et écologie, est solidement implantée aux États-Unis et au Canada, depuis les travaux pionniers de Una Chaudhuri et de Bonnie Marranca jusqu’aux récentes recherches de Lisa Woynarski, et alors que ce champ connaît depuis peu un essor en France, sous l’impulsion notamment de Flore Garcin-Marrou et de Julie Sermon, cet espace demeure à défricher au Québec. Il s’agira donc pour le groupe de travail Arts vivants et écologie au Québec de s’attacher, par le biais de réflexions croisées, tant du côté de la recherche que de la recherche-création, à tracer les contours souples, pluriels, d’une écocritique spécifiquement rattachée aux arts vivants québécois.[1] Nous nous appuierons évidemment en partie sur les recherches menées à l’étranger pour baliser ce travail, lequel trouve fortement écho dans les questions nouvelles que fait émerger, outre-Atlantique, l’alliage entre écologie et arts vivants, et que pointe Julie Sermon : « En quoi le paradigme écologique remodèle-t-il ou renouvelle-t-il le propos et la forme des œuvres, mais aussi leurs processus de création, leurs modes de production et de diffusion, leurs conditions de réception? Et réciproquement : sur quels horizons écologiques et quelles pensées et pratiques de l’art ouvrent les gestes, les expériences et les formes qu’inventent les artistes? »[2] Soulever ces questions ou s’inspirer de celles-ci dans l’abord des arts vivants québécois se révélera assurément fécond.
Plus largement, il s’agira aussi pour le groupe de travail de susciter un nouveau dialogue entre les membres de la SQET, en décloisonnant et en dynamisant ses quatre axes de recherche.
En conviant des artistes à prendre part ponctuellement aux activités du groupe, enfin, notre objectif est aussi de nouer ou de resserrer les liens avec le milieu artistique.
Notons que la problématique de la réflexion commune n’est pas prédéterminée. Nous souhaitons que celle-ci émerge des objets choisis, des pratiques, et de la circulation des idées et des matériaux.
Structure
Le groupe de travail se pose comme une structure déhiérarchisée et ouverte à tous les membres de la SQET : professeur·es, chercheur·es, artistes-chercheur·es et étudiant·es des 2e et 3e cycles.
Tous les champs des arts vivants peuvent être investis : dramaturgie, théâtre, danse, cirque, mime, performance, pratiques artistiques interdisciplinaires.
L’approche écocritique est privilégiée mais des maillages avec des approches contigües – écopoétique, écosomatique, philosophie environnementale, savoirs autochtones, écoféminisme, Queer Ecology – sont souhaitables.
Les réflexions en recherche et en recherche-création sont accueillies.
Celles-ci peuvent porter sur des processus de création, des pratiques, des imaginaires ou des approches pédagogiques.
Fonctionnement
Les activités du groupe s’échelonneront sur deux années, de l’hiver 2022 à l’hiver 2024. Cette année, elles se composeront d’une rencontre en visioconférence et d’un atelier-discussion en « présentiel » à l’occasion d’une journée d’étude à l’UQAM.
Tout au long des deux années, les participant·es pourront échanger réflexions et matériaux sur une plateforme numérique privée dédiée au groupe.
Diverses formes de publication – carnets, essais, balados – seront aussi diffusées sur L’Extension R&C au cours de ce parcours réflexif.
Un dossier thématique publié dans la revue Percées viendra clore les activités du groupe de travail.
Pour participer
Prière de faire parvenir à Catherine Cyr et à Véronique Basile Hébert une proposition d’environ 250 mots. Celle-ci présentera le sujet de la réflexion à développer et, si possible, la ou les approche(s) théorique(s) considérée(s).
Une brève notice biographique (100 mots) accompagnera la proposition.
Calendrier
Date limite pour l’envoi de la proposition : le vendredi 10 décembre 2021
Rencontre en visioconférence : le jeudi 3 février 2022
Atelier-discussion : 21 ou 22 avril 2022 (à confirmer)
Contacts
Catherine Cyr : cyr.catherine@uqam.ca
Véronique Basile Hébert : hebert.veronique@courrier.uqam.ca
[1] Des créations issues du Canada français pourront aussi être considérées.
[2] Julie Sermon, Morts ou vifs : contribution à une écologie pratique, théorique et sensible des arts vivants, Paris, Éditions B42, 2021, p. 13.